Je le remerciai et lui dis "à quoi bon, demain nous serons
peut être dans la bagarre et à savoir ce qu'il nous arrivera".
Cette jeune fille a 20ans, elle est bien gentille, je lui ai donné
votre nom, elle vous écrira, je le remerciai et nous reprîmes
la route, car il fallait que nous soyons arrivés à la forêt pour
la nuit, pour traverser un ravin et là, était le lieu de rendez-
vous du convoi de soupe des Compagnies, il faisait chaud
le front était calme, mon camarade retrouvait son escouade
et moi la mienne. Ces deux escouades étaient voisines, l'une de
l'autre. Je trouvai un sous-officier et lui demandai les consignes
il me dit "les boches sont là, à 200mètres en face de nous, ils
nous dominent de là haut et ils nous harcèlent avec leur V-B".
Le lendemain, je me proposais à aller voir le camarade
quand un tir d'artillerie boche se déclencha, une attaque
surprise sur notre droite, les boches avaient réussi à s'infiltrer
dans la 1ère ligne ; il s'est mis à pleuvoir, les boyaux, les
tranchées étaient pleins d'eau, le va et vient de la troupe avait
transformé la terre rouge en mastic, mon tour de garde
aux créneaux était arrivé, les boches déclenchèrent une attaque
mais ils étaient dix contre un, ce fut un sauve qui peut sur la 2ème
ligne, c'était la débandade dans les boyaux, remplis de mastic et
malheur à celui qui tombait dans cette mélasse, il s'englutinerait
dedans, il serait perdu et c'est ce qui arriva malheureusement
Retranscription novembre 2012 Sophie Poussard 1er ES/L)
à mon camarade, il était couché sur le dos, pris dans
cette pâte gluante, la compagnie froussé par les Boches
passa sur son pauvre corps, sa tête avait été respecté (?), de
ses yeux bleus vitrieux, il regardait le ciel.
Le lendemain, nous recevîmes l'ordre de contre attaquer
par surprise dans l'après-midi, je me trouvais au créneau,
les vagues d'assaut partirent à l'avant, mais il y eut un
fléchissement des cadres et là, je me trouvais prisonnier
entre les lignes, je réussis à me cacher dans un trou masqué
sous du barbelé et la nuit, je rentrai dans nos lignes
après avoir subis des coups de fusils de part et d'autre.
L'Histoire de cette attaque avortée, arrivé en haut lieu au
oreilles de D...... qui lui, ordonna une nouvelle attaque
dans l'après-midi, après un pilonnage infernal de
l'artillerie sur les lignes Boches, l'attaque eu lieu, les
boches rescapés de ce bombardement se sauvèrent de tout côtés.
L'attaque réussie pleinement, de nombreux prisonniers
restèrent entre nos mains.
Mais cette fois à cette attaque, les cadres étaient à leur place
et chacun avec son unité.
Malgré cela, le limogeage, le nettoyage eut lieu,
mais discrètement.
Huit jours après cette affaire, nous étions relevés des...
(Retranscription novembre 2012 Sophie POUSSARD 1er ES/L)
Lignes, et nous prenions la direction de Soissons :
Compiègne : nous cantonnions, nous étions bien.
Je ne pensais plus à la marraine de guerre, du pauvre camarade
mort, piétiné dans le mastique de terre rouge.
Le Vaguemestre me dit : « Voilà pour vous, deux cartes lettres portant
le cachet de Saint Hilaire « manche » ». C’était la jeune fille qui m’écrivait.
Je lui répondais un mot, en la remerciant de sa gentillesse.
Je suppose que mon Camarde devait être son fiancé car dès
qu’elle eut connaissance de sa disparition, elle cessa
toute correspondance.
C’est la seule marraine que j’ai eu, pendant toute la guerre 1914-18
j’avais tellement été déçu que je ne voulais plus entendre parler
de marraine de guerre.
De 1914 à 1918, je n’ai jamais reçu de colis de qui que ce soit,
je n’ai jamais reçu de mandat. J’ai reçu 25f ( ?) des Américains
20f ( ?) du Capitaine. Et la petite pochette en cuir de Château-thaï
contenant environ 120f ( ?). Mais à l’HartmannwillerKopf j’avais
laissé 57f( ?) qui me furent remboursés à l’armistice car dans cette sopre( ?)
des recherches avaient été faîtes pour retrouver les morts et on
avait retrouvé mon argent et mon livret militaire.
(Retranscription décembre 2012 TOURNOIS Morgane 1er L/ES)