Le bobard du capitaine était bien vrai - texte à retranscrire - Nous quittions Château-Thierry .... Troyes... Le train de ravitaillement de marchandises fût vite repéré et pris d'assaut...
C'était devenu, un champ de foire, une rigolade, les poilus
étaient déchaînés, ils insultaient, les employés de la gare
heureusement que notre train, s'ébranla en douceur
et pris la direction de Chaumont. Le jour commençait
à pointer, les hommes s'étaient calmés, chaque wagon
s'organisait pour faire ripaille, déguster ce ravitaillement
qui nous venait du Ciel, les sardines, le pâté,
il y en avait à gogo, moi fatigué, un camarade m'avait
rempli mon bidon , contenant deux litres.
Ce fut, une véritable fête, un repas de Gargantua
ou il n'y avait pas de mélancolie, de toute ma vie,
je n'ai jamais bu de vins aussi bons, ce n’était
pas ce vin, qui nous arrivait aux tranchés, fabriqué
avec la fameuse fi-chine d’Épinal ou de quais de Bercy
notre train, était bien un train militaire, il roulait
comme une brouette, les poilus chantaient, la chanson
du chef de gare, les autres la Madelon, etc.
Je m'endormis dans un coin, je me réveillais à Vesoul, et
la suite des gares: Creveney, nous étions en Haute-Saône
ensuite la gare de Sure, le train fut dirigé dans une forêt
à un quai de débarquement militaire, entre Quers et Sure
notre contournement se trouvait dans un village. La cote.
Après, quelques jours de repos à La Certes (?), nous allions
cantonner au Village de Gerchenar (?). Le capitaine
adjudant major, me dit « Caporal Jacquet, à partir
d’aujourd’hui, vous êtes exempté du service de garde, vous vous
occuperez, du foyer du poilus ». J’en profitais pour
lui demander une permission de 48 heures pour aller
voir ma famille, qui se trouvait à 40 kilomètres , et des
trains, il n’y en avait pas. Mes parents désespérés ne m’attendaient
plus, du fait qu’il ne recevaient plus de lettres depuis
Septembre; mes lettres étaient restées dans la poche
Du Caporal .Mich (?), tué sur le pont de l’Ailette.
Ma permission écoulée, mes parents rassurés
J’allais rejoindre mon Bataillon à Gaicheman,(?)
Ou j’organisais le foyer du poilus des « Diables Bleus »,
C’était pour moi la bonne vie.
La division faisait mouvement le 20 novembre en direction
des Vosges et de l’Alsace. Le 6éme Bataillon prenait position
au Ballon de Guebwiller, ce secteur était calme mais
un vent glacial qui nous pénétrait, soufflait continuellement.
Il faisait très froid, l’hiver 17-18 fut rude et beaucoup de camarades furent gelés.
La vie des guetteurs aux créneaux était intenable.
Les chênes, la nuit, se fendaient par le milieu. La température devait être de 30 à 35 sous zéro, peut-être plus.
Pour la nourriture, c’était un problème. La soupe, le vin, le café, la viande, ce n’étaient que morceaux de glace, le pain gelé, il fallait l’écraser avec la crosse du fusil.
Il nous était défendu de faire du feu. Pour nous consoler, deux jours avant la relève nous recevions des boîtes d’alcools solidifiés, et des boîtes de graisses pour les pieds.
° Mon père étant décédé le 25 Novembre 1917, j’ai obtenu un congé pour raison de famille, je suis tombé malade. Hospitalisé à Luxeuil jusqu’au 5 Janvier 1918 de là j’allais rejoindre en ligne mes camarades.