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Je marchais, j’allais à l’aventure, devant moi. Il y avait plus
d’une heure que j’étais sur cette route, sans rencontrer
personne. A un tournent de route, au lointain, il me
semblait apercevoir un troupeau qui avançait, qui
se déplaçait sur la route. Il n’allait plus vite, je forçais
la marche pour pouvoir le rattraper.
A un croisement de route, il y avait une planche où
il y était écrit au crayon rouge avec une flèche, direction de
St Quentin. J’étais dans la bonne direction.
Je rattrapais ce troupeau d’hommes, qui marchait
sans ordre sur cette route.
Cette troupe était le reste de la 66.-Division, les rescapés
de la bataille du pilier de Guise.« 1ère année_Général Debenery »
Cette colonne avançait doucement, péniblement. Ils fuyaient
cette zone de feu de carnage, cet enfer.
Dans cette colonne, je cherchais, les rescapés de mon
bataillon, de ma compagnie. Je n’en trouvais pas,
aucun de ma connaissance.
La colonne eut un repos d’une demie heure sur le bord
de la route, pour permettre aux trainards de nous rejoindre
(retranscription décembre 2012 Portalier Aline 1er L/ES.).
11 nov 1918
La colonne s’était remise en marche, nous approchions de
St Quentin. Deux autos nous croisent et nous crient ; la guerre
est finie : on les qualifiait de menteur, de bourreur de
crâne_etc. Une troisième voiture, un camion militaire
arrivaient. Mais celui-ci, s’est arrêté : le conducteur, nous
dit c’est l’armistice, la guerre est finie.
En nous montrant du doigt : « Regardez ce bâtiment en
planches, là-bas, sur la droite de la route. C’est la gare
militaire. Allez voir sur la porte, une feuille y est clouée
par l’autorité militaire où il est imprimé que
l’armistice était signée, le 11.11.1918.
Les soldats allemands aux 1ère lignes, savaient que l’armistice
était signée, du fait qu’ils avaient fait hisser, des chiffons blancs
à la cime des arbres. Nous, soldats français, victorieux, nous
ne savions rien…Pourquoi, parce que nous étions des sacrifiés.
Les poilus, après avoir pris connaissance de cette circulaire d’armistice,
ne voulurent pas aller plus loin. Ils couchèrent sur le rebord de la route,
en réclamant à boire et à manger, du ravitaillement, du pinard à volonté,
depuis le déclenchement de l’offensive le 20 Septembre. Ces hommes combattaient,
ils étaient épuisés, morts de fatigue, de privation
(retranscription décembre 2012 Portalier Aline 1er L/ES.)